abstraction (re)creation – 20 under 40
Angela Heisch,
Beah Shin,
Dennis Miranda Zamorano,
Han Bing,
Jadé Fadojutimi,
Kohei Yamada,
Li Hei Di,
Liza Lacroix,
Luc Ming Yan,
Lucy Bull,
Manuel Mathieu,
Pam Evelyn,
Peppi Bottrop,
Rachel Jones,
Ragna Bley,
Ryan Sullivan,
Sophia Loeb,
Uman,
Vivien Zhang,
Zhang Zipiao
Avec Peppi Bottrop, Ragna Bley, Lucy Bull, Pam Evelyn, Jadé Fadojutimi, Han Bing, Angela Heisch, Rachel Jones, Liza Lacroix, Li Hei Di, Sophia Loeb, Manuel Mathieu, Beah Shin, Ryan Sullivan, Uman, Kohei Yamada, Luc Ming Yan, Dennis Miranda Zamorano, Vivien Zhang, Zhang Zipiao.
Avec le soutien de Daniel Xu & Flora Huang Foundation; Ellen Wu; Vanessa Guo & Jean-Mathieu Martini.
Remerciements aux galeries : Apalazzo, Gisela Capitain, Sadie Coles HQ, Hauser & Wirth, David Kordansky, Marguo, Pilar Corrias, Pippy Houldsworth, Taka Ishii, Thaddaeus Ropac, Pace.
Paris, 1931 – après une évolution de la tendance générale vers l’art figuratif dans les années 1920 finissantes, Theo van Doesburg, Auguste Herbin, Jean Hélion et Georges Vantongerloo fondent le groupe Abstraction-Création, comptant ainsi contrer l’influence des surréalistes menés par André Breton.
La situation est similaire aujourd’hui. L’abstraction dans la peinture peut-elle révéler une nouvelle manière d’aborder l’art ? Constitue-t-elle une réponse plus adaptée aux questions émergentes, loin des sujets, récits et autres thèmes de l’art figuratif ?
Il ne fait aucun doute que le formalisme a pris le dessus.
Au cours du XXe siècle, l’art non-figuratif a été élevé à son plus haut niveau de réalisation à travers l’utopie artistique occidentale —progrès ultime vers une simplification du vocabulaire formel, criminalisation de l’ornementation, effacement des histoires et des personnages au profit de la forme pure, Die gute Form, géométrie, construction, et ainsi de suite. Mais pour conserver (é)motions, sentiments, expressivité et gestuelle, la peinture abstraite a évolué vers le tachisme, l’art informel, et pire encore...
Le monde de l’art est aujourd’hui soumis à l’énorme pression du marché et à une consommation à court terme. Est-ce une impression palpable et/ou un fait avéré que de jeunes femmes peintres asiatiques et afro-américaines, accompagnées de leurs homologues masculins, se soient lancés dans le grand maelström coloré du non-figuratif – ajoutant leur touche personnelle et contribuant à ce qui est soudainement devenu un « genre » – qui pourrait, peut-être, tomber dans le piège de l’académisme au coin de la rue ?
Mettre en mots les différentes approches d’une nouvelle abstraction aidera à la définir et à la légitimer, tout comme lui trouver des noms accrocheurs : nouvel impressionnisme abstrait, Infor(fe)male, abstraction hyperréaliste, abstraction pop, color field organique, et bien d’autres encore non brevetés.
L’histoire du Consortium Museum est profondément enracinée dans l’abstraction et le minimalisme, qui ont enrichi notre jeunesse et alimenté nos rêves utopiques d’un monde meilleur imaginé par des artistes et architectes progressistes – principalement des hommes...
Heureusement, dans les années 1980, les modernismes non-occidentaux, les récits non binaires et le pouvoir des femmes ont remis en question nos certitudes, ouvrant la voie à un monde plus équilibré dans lequel passion et avidité, opportunisme et engagement authentique, talent et compétence coexistaient, et coexistent toujours pour l’instant. Mais rien n’est encore complètement figé.
L’exposition que nous organisons met en lumière ces stratégies formelles, suscitant un lyrisme renouvelé à travers un sentiment de distance et de confort.
Le titre 20 under 40 peut sonner comme un énième slogan, mais l’âge de 40 ans marque une frontière intangible et subjective entre le statut de jeune artiste et celui d’artiste au mi-temps de sa carrière. Nous avons porté notre regard sur les plus jeunes car ils-elles ont généralement leur propre logique et une approche non conventionnelle de l’art abstrait, surtout quand il s’agit de peinture. Gestuelle vs narration, expressivité vs construction, non-représentation vs personnages et paysages, ornemental vs descriptif, et ainsi de suite – une génération éclectique qui relève le défi moderne de se mesurer à la longue histoire de la peinture abstraite – son avenir se trouve entre leurs jeunes mains. Ce qui ne veut pas dire qu’ils-elles se voient non-figuratif pour toujours !
Bien qu’il n’y ait pas, ici, de manifeste d’aucune sorte, la tradition lie les artistes abstraits aux nombreux « ismes de l’art », d’après le célèbre livre éponyme d’El Lissitsky et Hans Arp publié en 1925 à Zurich. C’est terminé aujourd’hui.
L’abstraction (re)créative en quelque sorte !
— Franck Gautherot & Seungduk Kim