Fredrik Vaerslev
All Around Amateur
Fredrik Vaerslev (1979, Moss, Norvège)
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All Around Amateur associe deux séries d’œuvres. Une première série est constituée de peintures basées sur des photos de couchers de soleil prises lors de voyages en avion avec un téléphone portable. Elles sont réalisées avec un chariot mécanique utilisé pour tracer des lignes sur les routes ou les terrains de sport. Les bombes de peinture pour ce type d’outil ne sont disponibles qu’en rouge, bleu, jaune et blanc. Une fois les couleurs déposées sur la toile, Fredrik Væslev et son assistant Per Christian Barth les mélangent avec de l’essence de térébenthine jusqu’à créer un dégradé qui rappelle les tonalités du coucher de soleil. Les toiles sont alors tendues sur des châssis de même taille afin de pouvoir être alignées de manière continue. Réalisées par séries de 8 toiles successives, leurs séquences peuvent se lire dans l’exposition selon des tonalités qui vont du plus foncé au plus clair. La deuxième série poursuit une pratique initiée par Værslev lorsque sa mère lui demande d’ajouter une tablette sous ses peintures pour qu’elle puisse y déposer des plantes ou des bibelots. Il réalise alors une série d’étagères en bois léger qu’il confie à des amis artistes et non artistes pour qu’ils les décorent. Pour All Around Amateur, Værslev a réalisé lui-même une série d’étagères et en a confié d’autres à des artistes qui lui sont proches : Stewart Uoo, Josh Smith, Alison Katz, Matias Faldbakken et Gardar Eide Einarsson.
Lors de la présentation de l’exposition à la Kunsthalle de Bergen, les couchers de soleil étaient enchâssés dans de faux murs et les étagères exposées en contrepoint, regroupées en fonction des artistes qui les ont réalisées. Au Consortium, les deux séries ont été installées en alternance, et les étagères mélangées pour accentuer la dilution de la signature artistique. Il arrive souvent à Fredrik Værslev d’inviter ses amis, des artistes ou même sa mère, à intervenir dans ses œuvres, parfois il aime laisser ses toiles à l’extérieur, souvent des mois, jusqu’à ce que le climat y inscrive sa marque ou il se contraint à utiliser des outils mécaniques qui ne laissent que peu de marge à son expression picturale. Ces mises à distance successives témoignent d’une mise en retrait vis-à-vis du geste pictural, un refus de l’expression de soi. L’inscription de sa peinture dans un contexte utilitaire et architectural – les sols, stores et rideaux auxquels elle se réfère mais aussi sa manière de se fondre dans son environnement – participe aussi à cette remise en question du statut de la peinture à laquelle pourtant Værslev ne cesse de se confronter.