Carroll Dunham & Laurie Simmons
Carroll Dunham, Laurie Simmons

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Le Consortium
Curated by Éric Troncy
Vue de l’exposition de Carroll Dunham & Laurie Simmons, Consortium Museum, Dijon, 2024. Photo : Rebecca Fanuele © Consortium Museum.
Vue de l’exposition de Carroll Dunham & Laurie Simmons, Consortium Museum, Dijon, 2024. Photo : Rebecca Fanuele © Consortium Museum.
Vue de l’exposition de Carroll Dunham & Laurie Simmons, Consortium Museum, Dijon, 2024. Photo : Rebecca Fanuele © Consortium Museum.
Vue de l’exposition de Carroll Dunham & Laurie Simmons, Consortium Museum, Dijon, 2024. Photo : Rebecca Fanuele © Consortium Museum.
Vue de l’exposition de Carroll Dunham & Laurie Simmons, Consortium Museum, Dijon, 2024. Photo : Rebecca Fanuele © Consortium Museum.
Vue de l’exposition de Carroll Dunham & Laurie Simmons, Consortium Museum, Dijon, 2024. Photo : Rebecca Fanuele © Consortium Museum.
Vue de l’exposition de Carroll Dunham & Laurie Simmons, Consortium Museum, Dijon, 2024. Photo : Rebecca Fanuele © Consortium Museum.
Vue de l’exposition de Carroll Dunham & Laurie Simmons, Consortium Museum, Dijon, 2024. Photo : Rebecca Fanuele © Consortium Museum.
Vue de l’exposition de Carroll Dunham & Laurie Simmons, Consortium Museum, Dijon, 2024. Photo : Rebecca Fanuele © Consortium Museum.
Vue de l’exposition de Carroll Dunham & Laurie Simmons, Consortium Museum, Dijon, 2024. Photo : Rebecca Fanuele © Consortium Museum.

Carroll Dunham est né en 1949 à New Haven, Connecticut, USA. Il vit et travaille à New York, USA. 
Laurie Simmons est née en 1949 à Long Island, USA. Elle vit et travaille à New York, USA. 


Avec le soutien de la galerie Gladstone, Bruxelles, Los Angeles, New York, Séoul; de la galerie Max Hetzler, Berlin, Londres, Marfa, Paris; de la galerie Eva Presenhuber, Vienne, Zurich; de la Fundación Almine y Bernard Ruiz Picasso; et de Christen Sveaas Art Foundation, Oslo.
Remerciements à la galerie Gerhardsen Gerner, Oslo; Amanda Wilkinson, Londres; 291 Agency, New York; et Astrup Fearnley Museet, Oslo.


 

Laurie Simmons est photographe et réalisatrice, Carroll Dunham est peintre.
Ils sont américains, nés à quelques mois d’écart, en 1949 ; leurs carrières respectives dans les arts visuels se sont établies dans les années 1970 et développées dans les années 1980, chacun occupant rapidement, sur la scène new-yorkaise et celle, internationale, de l’avant-garde, une place et une posture significatives dans sa discipline.

Simmons choisit la photographie à l’heure où ce medium était considéré comme moins « noble » que la peinture ou la sculpture (« Quand j’étais en école d’art, la photographie n'était pas considérée comme de l'art [1]. » dit-elle) et fut associée dès 1977 à la Pictures Generation[2] ; Dunham est de ceux qui, dans les années 1980, ont donné leur chance à une discipline qui était devenue remarquablement ringarde sinon réactionnaire, et envisagé un retour à la peinture. Chacun questionne les canons historiques et les conventions de sa discipline, et leurs évolutions depuis la société de consommation jusqu’à la société de dénonciation.

Tous deux ont commencé à exposer leurs œuvres respectives à la fin des années 1970 à New York : en 1981, Simmons expose à la galerie Metro Picture fondée l’année précédente, Dunham à Artists Space. Ils se sont rencontrés en 1977, se sont mariés en 1983. Depuis 40 ans, leurs œuvres se développent côte-à-côte, dans les ateliers dont l’un et l’autre disposent dans leur résidence du Connecticut. Ils n’avaient jamais exposé ensemble. « [Laurie] a fait des photographies et j'ai fait des peintures, mais la manière dont on peut parler des relations entre nos pratiques respectives a été négligée.” dit Carroll Dunham.

L’œuvre photographique de Simmons est essentiellement peuplée de personnages mais elle n’est pas portraitiste et ses « personnages », tenus à bonne distance de la réalité, sont conçus la plupart du temps à partir de marionnettes, de poupées grandeur nature (Love Dolls), des jouets miniatures et, plus récemment, sont créés de toutes pièces par l’intelligence artificielle.

L’œuvre picturale de Carroll Dunham est elle-aussi peuplée de personnages et il n’est pas plus portraitiste, attachant peu d’intérêt à l’expression de l’âme de ses créatures mais beaucoup aux situations géométriques offertes par des formes anthropomorphiques. Récemment, Dunham a trouvé une manière efficace de tenir ses personnages à bonne distance de la réalité : ils sont désormais de couleur verte, stratégie empruntée naturellement aux Comics de science-fiction (Hulk) décourageant la désormais univoque lecture de ses personnages, initialement en noir ou blanc, comme « racisés ».

L’exposition du Consortium Museum offre tout d’abord l’opportunité de voir deux ensembles significatifs d’œuvres des deux artistes réalisées ces 30 dernières années. Conçue comme le « mariage » de deux expositions monographiques, elle rassemble une vingtaine d’œuvres de Laurie Simmons (elle n’a pas eu d’exposition personnelle en France depuis 30 ans) et une vingtaine d’œuvres de Carroll Dunham (bénéficiant de prêts exceptionnels : les 8 tableaux formant une série entière de 2020, Winners and Losers ainsi qu'une œuvre monumentale conservée au Astrup Fernley Museet de Oslo) et offre donc l’occasion de regarder conjointement l’œuvre de l’un et de l’autre et d’en envisager les éventuels renvois de l’une à l’autre. L’exposition n’est pas un « Jeu des sept erreurs » et il ne s’agit pas de chercher chez l’un des samples de ce que l’autre aurait déjà fait (« Ce que j'aime toujours dire, c'est qu'il me copie bien plus que je ne le copie [3]. » dit Simmons), mais propose de déceler — ou non — des préoccupations ou des formes communes à ces deux œuvres qui ont « grandi ensemble ». « Lorsqu’on vit aussi étroitement avec un autre artiste, pendant aussi longtemps, une sorte de dialogue s'instaure. Depuis le début de notre relation, je sais que le travail de Laurie a une influence sur ma façon de penser les images[4].”

— Eric Troncy

 


[1] Sarah Cascone, “‘He Copies Me Much More Than I Copy Him’: Laurie Simmons and Carroll Dunham on 35 Years of Creative Cohabitation” artnet, 16 mai 2018.

[2] « Lorsque j'ai pris un appareil photo, avec un groupe d'autres femmes, je ne dirai pas qu'il s'agissait d'un acte radical, mais nous le faisions certainement dans une certaine forme de défiance ou de réaction à l'égard d'un monde de la peinture dominé par les hommes.” expliquait-elle en 2014 au magazine Interview.

[3] Sarah Cascone, ibid

[4] Carroll Dunham, in Sarah Cascone, id.