Elizabeth Glaessner
Four legs in a garden
Elizabeth Glaessner (1984, Palo Alto, États-Unis). Vit et travaille à New York, États-Unis.
Remerciements : galerie Perrotin, galerie PPOW, New York.
Du 4 février au 22 mai 2022, l’exposition d’Elizabeth Glaessner investit la salle haute du Consortium Museum avec une série d’œuvres réalisées entre 2019 et aujourd’hui. Sept toiles sont réunies dans cette impressionnante salle de dix mètres de haut, dont trois peintures inédites réalisées spécialement pour cette exposition. L’occasion de découvrir pour la première fois dans une institution française une œuvre dominée par des images mentales tout aussi étranges que fascinantes.
La peinture d’Elizabeth Glaessner, artiste née en 1984 à Palo Alto, États-Unis, donne à voir des scènes oniriques à la frontière du psychédélisme comme en témoignent les créatures surnaturelles qui habitent ses toiles. L’artiste s’appuie sur un large éventail d’influences issues de l’imagerie contemporaine, de la peinture de la Renaissance, dont elle emprunte aux personnages les attitudes étranges, ou encore des univers psychologiques puissants des toiles de Munch ou Kirchner.
À partir d’associations d’images intuitives, elle réalise des esquisses et des peintures en petit format sur lesquelles elle travaille le motif librement. Ces dessins préparatoires constituent une base de travail pour la réalisation de grandes compositions sur lesquelles elle s’applique à reproduire ces mêmes gestes. L’improvisation occupe une place déterminante dans sa technique picturale dans laquelle les coulures accidentelles et les mélanges de couleurs hasardeux rythment les compositions. C’est d’ailleurs dans l’utilisation de la couleur et la maîtrise de la lumière que la peinture d’Elizabeth Glaessner puise toute sa force ; elles permettent de situer immédiatement ses compositions dans un univers chimérique qu’elle qualifie “d’entre-deux monde” issu de son imagination.
Sa palette s’efforce de capturer le ressenti évanescent d’un rêve, parfois d’un cauchemar, et le sentiment fugace qui s’en dégage. À l’aide de couches de peintures diaphanes et de lignes vaporeuses qu’elle dessine avec des pigments mélangés à l’eau et à la peinture à l’huile, Elizabeth Glaessner peuple ses toiles de silhouettes aux couleurs vibrantes ; celles-ci concrétisent des états émotionnels que seule la couleur peut traduire.
En résultent des figures aux expressions ambivalentes dans des postures tout aussi déconcertantes parfois teintées d’érotisme. Aussi étranges qu’elles paraissent, elles évoquent un imaginaire collectif, habité par des contes et des grands récits mythologiques. Si le mythe semble avoir une place de choix dans son vocabulaire plastique, elle l’évacue de toute forme de morale et le remodèle à l’envi, offrant aux spectateurs des possibilités de narrations et de lectures infinies. La question du sujet est ici un prétexte pour expérimenter la matière et donner forme à des projections mentales dans laquelle la tension psychologique est au cœur de la représentation.