Anita Molinero
Oreo
Le travail d’Anita Molinero n’a cessé de se faire sous le regard attentif du Consortium. Déjà en 1994, elle participait aux côtés de Frank Stella, John Chamberlain, Robert Grosvenor, Carel Visser, Nancy Rubins, etc. à une exposition du centre d’art intitulée Country Sculpture. La même année, l’École Nationale Supérieure d’Art de Dijon lui offrait l’opportunité d’une exposition dont le titre ne souffrait pas d’ambigüité : Sculptures. En 2009 enfin, c’est dans le cadre de l’action Nouveaux commanditaires (médiation : Le Consortium), qu’elle installait un duo d’assemblages à Longepierre, au cœur de la Bresse bourguignonne, pour célébrer la mémoire de deux républicains injustement accusés d’incendie et condamnés au bagne sous le Second Empire.
L’œuvre d’Anita Molinero est un « cataclysme » lié aux moments de sa production. Les objets, les matières ou matériaux, dont elle use, échappent au principe d’identité de la cause et de l’effet. On serait plutôt là en présence d’une manifestation de la théorie des catastrophes… Si aujourd’hui, encore plus qu’hier, elle participe intelligemment de la scène de l’art, c’est qu’elle maîtrise ce que Julius Mayer, pourtant inventeur de la thermodynamique, découvre presque a contrario, dans un article publié en 1878, deux ans avant sa mort… à savoir, l’importance des phénomènes de déclenchement. Que nous dit le « renégat » Mayer : la vie n’est pas explicable par un jeu de forces mécaniques, pas plus qu’elle n’est animée par un effort de conservation, elle cherche au contraire l’extension, voire l’explosion, parfois à ses propres dépens. Et c’est bien cette mise en danger que cette artiste, chez qui la singularité est le moyen de participer au concert commun de ses contemporains, s’emploie à rejouer dans chacune de ses pièces.
––Xavier Douroux