Sergej Jensen
Sergej Jensen

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Consortium Museum
Curated by Stéphanie Moisdon
Vue de l’exposition de Sergej Jensen, Consortium Museum, Dijon (FR), 2022.
Photo : Rebecca Fanuele © Consortium Museum
Vue de l’exposition de Sergej Jensen, Consortium Museum, Dijon (FR), 2022.
Photo : Rebecca Fanuele © Consortium Museum
Vue de l’exposition de Sergej Jensen, Consortium Museum, Dijon (FR), 2022.
Photo : Rebecca Fanuele © Consortium Museum
Vue de l’exposition de Sergej Jensen, Consortium Museum, Dijon (FR), 2022.
Photo : Rebecca Fanuele © Consortium Museum
Vue de l’exposition de Sergej Jensen, Consortium Museum, Dijon (FR), 2022.
Photo : Rebecca Fanuele © Consortium Museum

Sergej Jensen (1973, Maglegaard, Danemark). Vit entre Cologne, Berlin et New York.


Remerciements: galerie Buchholz, Berlin, Cologne, New York; galerie Neu, Berlin; Regen Projects, Los Angeles; White Cube, Londres, Hong Kong, New York, Paris, West Palm Beach.

Avec le soutien de K: Danish Arts Foundation.


 

Cette exposition de Sergej Jensen pour le Consortium propose une vision rétrospective partielle, qui procède par prélèvements et soustractions dans les différentes étapes d’une production qui se développe, hors programme, depuis la fin des années 90. 

L’œuvre de Jensen, devenue une référence pour toute une nouvelle génération d’artistes, se construit en marge des figures autoritaires et des grands gestes de la peinture, au‑delà ou en deçà des distinctions d’usage entre figuration et abstraction, essayant par différentes tentatives, plus ou moins abouties, d’éviter les écueils de l’expression individuelle, les crises et les apories de l’époque. 

Sergej Jensen évite aussi en général d’affirmer quoi que ce soit, mais il lui est néanmoins arrivé de dire qu’il faisait de “la peinture sans peinture”, ce qui n’est pas tout à fait vrai. 

C’est une façon de tenir à distance un rapport à l’histoire et aux références assumées de l’art minimal, des figures du classicisme, des manifestes appropriationistes, avec le sentiment inévitable de s’inscrire quelque part, à un endroit indéfinissable et défaillant d’une histoire qui a fini de s’écrire. 

Le sachant, il peint avec toutes les possibilités que lui offrent les matériaux, les formats, les surfaces. Par effets de couture, de suture, d’effacement, de rapiècement, laissant la place à des phénomènes de recouvrement et d’altération. Avec des textiles trouvés, tâchés, exposés, des matériaux divers qui s’ajoutent parfois à la toile. 

Profanateur au premier degré, spectateur silencieux, dénué de toute intention de destruction ou de déconstruction, Jensen regarde la nature éphémère, intermédiaire de ces choses extraites d’un espace double et irréconciliable entre l’histoire de l’art et celle d’une contre-culture post punk non héroïque. Ces choses qui relèveraient plus de l’exutoire ou du “satori dirty”, une manière de voir se déployer des phénomènes nouveaux, profondément impurs, où la forme et le vide s’interpénètrent. 

A cette traversée Jensen ajoute des instruments, timbales posées là dans l’espace, qui insistent sur l’importance de la musique, la présence d’un réseau de références extérieur à l’art. Avec ces chansons qu’il compose depuis sa jeunesse comme un hobby, pop songs en danois inspirées de l’aventure électrique des années 80, qui faisait dire au critique orphique Yves Adrien que “les teenagers préfèrent le bubblegum au marxisme. C’est heureux !”. 

Et puis cette installation-sculpture réalisée en collaboration avec Cosima von Bonin, une artiste et amie avec laquelle il partage une relation complexe et ambivalente à l’objet d’art, l’usage des tissus rapiécés, le goût de la musique, de la performance, un monde étrange, comique, mélancolique qui s’épanouit dans les zones d’une postmodernité brisée. 

— Stéphanie Moisdon